Catherine Smits, Possibles n° 33, juin 2018

Catherine Smits
La “découverte” pour ce numéro de juin 2018

Ta bouche

Ta bouche
Comme une chantepleure
Dans laquelle je verse
Goutte à goutte
Le cri de ma naissance
Au flambeau de ta langue
Recueille-le
Protège-le de l’arrogance du temps
Et quand l’éternité se jouera de nous
Alors résonnera
Dans la prophétie des saisons
Dans l’incantation des ruisseaux
La légende que mes mains
Ont bâtie sur ta peau

Je ne sais rien

Je ne sais rien
De l’abdication des paupières
Ni du visage qui me revêt
à l’acmé de nos brasillements
Mais si je fouille la mémoire de mes reins
Si je m’abstrais jusqu’au vertige
qui ouvre le passage de tes mains
Je me sens devenir
Infini turgescent
Et je ne sais plus si je suis femme
Aubier, oiseau
Ou géode scintillante
posée sur la houle de nos eaux

Catherine Smits, poème repris du Livre des visages


Jean Lavoué, S’en aller, s’en aller —>

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