- Menu Possibles, nouvelle série n° 54, mars 2020
- Sommaire de ce n° 54, nouvelle série, mars 2020
- Contemporaine : Colette Fournier, J’ai marché hier
- Colette Fournier, Dans mon rêve, il y avait
- Colette Fournier, Ce que c’est que la vie
- Découverte : Janine Martin-Sacriste, un texte
- Hier : Francesco Pittau, La souris aux petits pois
- Invité : Raymond Farina, La Trappe du monde
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Raymond Farina
La page “invitation ” de Possibles, n° 54, mars 2020
La Trappe du monde
Faute de nom un non attend le nouveau-né
innocemment tombé dans la trappe du monde.
De sommeil en sommeil, il efface l’horreur,
il s’efface en douceur dans d’étranges babils.
Et comme la brindille espérant le vieux cèdre,
sa sève d'origine où il pourrait renaître,
il traverse des jours et des saisons stériles,
il traverse des vies et des morts successives
– continents expulsés des mémoires du monde,
villages explosant de pestes génitales,
villages oubliés par leurs propres chemins,
où l’on endort la faim avec une berceuse –.
La mort lui prête un nom avant de l’endormir,
avant de lui donner un sommeil sans symboles.
[Bangui (Centrafrique), 1990]
Raymond Farina, Exercices, éditions L’Arbre à Paroles, 2000
Raymond Farina est né en 1940 à Alger. Il a publié à partir de la quarantaine. D’abord accueilli à La Nouvelle Revue française, entre autres revues, il publie une dizaine de titres aux éditions Rougerie. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, ou peu, je recommande la lecture du bel article d’Emmanuelle Caminade consacré à cinq titres majeurs du poète. — Sa compagne, Marie Paule Farina a publié voilà un an à peine, en avril 2019, un fort volume : Le Rire de Sade, sous-titré essai de sadothérapie joyeuse, éditions L’Harmattan, 258 pages. Elle écrit : « c’est très consciemment que Sade choisit de faire rire des horreurs commises par des hommes qui haïssent tant leur propre nature, qu’ils ont muté et sont devenus des animaux de l’autre monde pourchassant la vie sous toutes ses formes » [page 196]. Elle consacre évidemment un chapitre à la lecture de Sade par Gustave Flaubert – elle est une fervente des cinq volumes en Pléiade de la Correpondance, un chef d’œuvre – article très enrichissant. Pour donner un autre aperçu de son style, au début de son volume cette fois, on lit : « les poètes, comme les sirènes de l’Odyssée, ont des chants si beaux que nous ne pouvons leur résister, quitte à en mourir » [page 47]. — P. P.