Les Poèmes de la quinzaine recommandés par Possibles, nouvelle série n° 1, octobre 2015

Poèmes de la Quinzaine, revue de poésie
Un ensemble en ligne frais, professionnel, passionnant, généreux…

Cette revue électronique affiche une ancienneté. Le premier n° des Poèmes de la Quinzaine – un vraisemblable clin d’œil à Péguy – est daté de 1972 [*]. Compté en ère internautique, c’est remonter, peut-être pas au Pithécanthrope, mais au moins au Moyen Âge ! Pour moi, le mystère est entier, non moins total mon respect. Les objectifs sont en effet déclinés avec clarté : « L’ambition des Poèmes de la Quinzaine est de faire (re)découvrir la grande poésie française, celle des poètes célèbres comme celle des poètes méconnus ou tombés dans l’oubli. Pour les faire connaître au public, la revue Poème de la Quinzaine :

  • publie sur son site une sélection de grands poèmes introuvables par ailleurs sur la toile ;
  • diffuse une lettre électronique à plus de 500 lecteurs deux fois par mois ;
  • poste de nombreux vers sur son compte Twitter, également suivi par plusieurs centaines d’internautes.

La plupart des poèmes présentés par la revue ne sont pas publiés sur le site. Nous renvoyons, écrit son directeur, sur les sites où ces poèmes sont déjà présents. Pourquoi ? Parce que nous voulons valoriser les nombreux sites qui diffusent la belle poésie, et non entrer en concurrence avec eux. Parce qu’il ne sert de rien de refaire un travail déjà bien fait, mais au contraire qu’il faut le faire connaître. Parce que nous ne prétendons nullement avoir le monopole de la poésie, mais au contraire croyons que la diversité des points de vue et des approches fait la richesse d’une littérature. »

Une telle ouverture d’esprit ne court guère les sites de poésie. Comment ne pas penser à Georges Perros qui brocardait, dans ses Papiers collés, les confrères qui ne lisent pas, sous prétexte « qu’ils pourraient tromper leur femme ». Donc Guillaume de Lacoste Lareymondie tranche en ce bas monde. Il est lui-même un poète de qualité. J’invite ceux qui ne le connaîtraient pas à lire son poème Miserere – Les Déshérités, une preuve de plus, s’il en était besoin, de son regard aigu.

De même qu’une franche remarque de sa part m’avait encouragé à refonder mon site en profondeur, de même sa revue m’a conduit à faire renaître Possibles. Il est donc un prédécesseur à qui je veux rendre hommage ici. La poésie lui doit de sortir des sentiers rebattus. Ses choix sont l’expression de ce qu’il aime. J’apprécie ce qu’il met en valeur, jusqu’à ces Anciens qu’on n’avait pas pris le temps de lire. Les travées des bibliothèques, même numériques, sont rarement encombrées. Ce que nous vivons est un chapitre d’une révolution. Socrate avait pesté contre l’écriture : un crime de lèse-mémoire. L’imprimerie a bouleversé la cléricature. À notre tour, nous sommes battus comme plâtre par l’actuelle mondialisation.

Puissent les Poèmes de la Quinzaine vous ravir. Ce qu’on donne nous augmente. Le partage ne reste-t-il pas le parent de l’amour sublime, cette rareté qui rend l’homme fréquentable ?

Pierre Perrin, revue Possibles n° 1 [nouvelle série, 29 septembre 2015]

[*]Rectificatif : « la première livraison ne date pas de 1972 (ceci est dû à un artefact du site, je vous passe la raison technique…) mais de novembre 2013 » [courriel de Guillaume de Lacoste Lareymondie, 5 octobre 2015]

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