Andràs Gerevich, in Possibles, n° 25, octobre 2017

Andràs Gerevich, Saisons
La page “invitation ” de Possibles, n° 25, octobre 2017

Gerevich

Le dimanche on s’échappait pour jouer dans les bois :
on courait, un oiseau fredonnait dans ma tête,
des abeilles et des insectes bourdonnaient près de mon visage,
on se cachait derrière les broussailles, derrière les troncs d’arbre
pour épier les étrangers qui passaient là.

Le soleil répandait sa lueur verte à travers les branchages ondulants,
on jouait à chat, on faisait semblant d’être des hors-la-loi.
On escaladait les rochers : j’étais plus dur
que pierre ; plus rapide et plus agile qu’un serpent.
Mais le sable se faufilait dans mes chaussures, entre mes dents.

Je pataugeais dans les feuilles mortes jusqu’aux genoux,
le paillis, regorgeant de fourmis, quasiment soulevé
et crépitant, comme si les crânes d’une volée
d’oiseaux morts étaient écrasés sous le feuillage –
Malgré ma terreur je m’y suis jeté tête la première.

J’ai laissé l’obscurité me recouvrir. Je sentais sous elle
la terre humide, reconnaissais son haleine fétide. J’avais froid
et je me suis relevé, la neige fondait sur mon visage, courait
sous mes habits. Glacé jusqu’aux os,
comprimé, la neige me recouvrait, mon corps était neige.

Andràs Gerevich, Les confessions de Tirésias [Hongrie], traduction de Brigitte Gyr.
Ouvrage trilingue (hongrois, anglais, français) en trois couleurs,
140 pages cousues, rognées. Format 15 x 21cm. Couverture à rabats.
Jacques Brémond, éditeur — Isbn 978-2-915519-53-2 — Prix : 25€

Marc Dugain, Ils vont tuer Robert Kennedy —>

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