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Catherine Pozzi, Ave
Hier : L’invitée pour ce numéro d’octobre 2017

Très haut amour, s’il se peut que je meure
Sans avoir su d’où je vous possédais,
En quel soleil était votre demeure
En quel passé votre temps, en quelle heure
Je vous aimais,
Très haut amour qui passez la mémoire,
Feu sans foyer dont j’ai fait tout mon jour,
En quel destin vous traciez mon histoire,
En quel sommeil se voyait votre gloire,
Ô mon séjour…
Quand je serai pour moi-même perdue
Et divisée à l’abîme infini,
Infiniment, quand je serai rompue,
Quand le présent dont je suis revêtue
Aura trahi,
Par l’univers en mille corps brisée,
De mille instants non rassemblés encor,
De cendre aux cieux jusqu’au néant vannée,
Vous referez pour une étrange année
Un seul trésor
Vous referez mon nom et mon image
De mille corps emportés par le jour,
Vive unité sans nom et sans visage,
Cœur de l’esprit, O centre du mirage
Très haut amour.
Catherine Pozzi, Ave, unique poème publié de son vivant, dans la NRF du 1er décembre 1929
Catherine Pozzi, 1882-1934, amie de Rilke, amante de Valéry, dans les années vingt, est connue pour son Journal : 1913-1934, préface de Lawrence Joseph, texte établi et annoté par Claire Paulhan, Ramsay, Paris, 1987, 678 p. Réédition chez Seghers en 1990. Reprise en 1997, sous nouvelle couverture rempliée rouge, par les éditions Claire Paulhan. Réédition chez Phébus, coll. « Libretto », Paris, 2005, édition augmentée, 798 p. — De ce poème, André Velter a su se souvenir : Très haut amour à présent que tu meures, / à présent qu’il n’est plus que mon chant / pour s’en aller bâtir nos demeures, / je m’abîme avec toi et je pleure / en chantant. Datés du 17 mai 1998, ces vers clôturent une élégie dans Le Septième Sommet, poèmes pour Chantal Mauduit, éditions Gallimard, 1998, page 30. [Note de P. Perrin, 15 septembre 2017]