Françoise Ruban in Possibles n° 32, mai 2018

Françoise Ruban
La “découverte” de Possibles, n° 32, mai 2018

Vivre c’est survivre à un enfant mort
Jean Genet, Journal du voleur

Des barreaux d’hier à l’éternité demain

Françoise Ruban

Il est étrange comme les mots font voyager
Entre le bleu de la Grèce la beauté de son alphabet
les barreaux de ta fenêtre ton soleil jaune
Une coïncidence devint vite connivence
Toujours ce fil qui relie deux esprits
À l’instant même j’eus le désir de t’offrir
le poème de Verlaine – Colloque sentimental
Un déclic une impulsion subite
De barreaux en prisonniers
Me voici ici sous les nuages gris devant la page vierge

Je sais qu’au-delà de l’éternité nous continuerons
à bavarder à rire comme ces deux spectres
Jamais je ne lâcherai ta main


Des milliers des millions de prisonniers
derrière les barreaux rêvent de s’évader
Barreaux des prisons barreaux de la Vie
Ce jour-là deux se sont croisés
Deux poètes blessés par l’Amour meurtris par la Vie
un troisième les a vite rejoints
Ce fut le rendez-vous des « poètes maudits »
Réunis tous les trois au mitan de nos plumes
Journal du voleur ou Voleur de poules
Rebelles de petits ou grands chemins

Verlaine avait plaisir à dire que les barreaux
à la fenêtre de sa geôle étaient en bois
Ce qui est vrai – l’anecdote est délicieuse

Ils s’appellent Paul Jean ou Roger
Tous les trois réunis là-haut – tu sais
Trois spectres qui tiennent colloque
et qui se marrent de toute cette rigolade
dégoulinante – Fêtes de fin d’année qu’ils disent
Tandis que s’affairent les marchands du temple
Je sais qu’un jour nous les rejoindrons
et nous regarderons s’agiter les pantins
et nous rirons comme des fous.

©Françoise Ruban, 19 décembre 2017, sur son blog

Hier : Richard Rognet —>

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