Guy Goffette, Possibles n° 32, mai 2018

Guy Goffette
Le contemporain pour ce numéro de mai 2018

Si tu viens pour rester

Si tu viens pour rester, dit-elle, ne parle pas.
Il suffit de la pluie et du vent sur les tuiles,
il suffit du silence que les meubles entassent
comme poussière depuis des siècles sans toi.

Ne parle pas encore. Écoute ce qui fut
lame dans ma chair : chaque pas, un rire au loin,
l’aboiement du cabot, la portière qui claque
et ce train qui n’en finit pas de passer

sur mes os. Reste sans paroles : il n’y a rien
à dire. Laisse la pluie redevenir la pluie
et le vent cette marée sous les tuiles, laisse

le chien crier son nom dans la nuit, la portière
claquer, s’en aller l’inconnu en ce lieu nul
où je mourais. Reste si tu viens pour rester.

Guy Goffette, La vie promise, Gallimard, 1991
volume repris dans Éloge pour une cuisine de province, Poésie/Gallimard, 2000
Cette mise en ligne n’aurait pas pu se faire sans l’accord de l’auteur



Françoise Ruban, Des barreaux d’hier à l’éternité demain —>


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