Jean Pérol, Possibles n° 41, février 2019

Jean Pérol
Le contemporain de ce numéro de février 2019

Trois coup de cœur de la Librairie du Rivage, Royan

Jean Pérol, Libre livre, Gallimard, 2012 — Il est de ces hommes dont les mots sont chargés d’énergie et de puissance. La poésie de Jean Pérol est un « cœur véhément », à la chaleur surhumaine, à la passion sans concession et à la visionnaire lucidité. Il faut lire Jean Pérol, ses deux romans, Un été mémorable et Le soleil se couche à Nippori, au souffle bouleversant et poétique, et toute la poésie , parue aux éditions de La différence. Le recueil qui vient de paraître chez Gallimard, Libre livre, porte en exergue une citation de Confucius, qui nous émeut, tant elle nous prépare à la nuit… « Quand un oiseau va mourir, son chant est poignant ; quand un homme va mourir, ses paroles sont sincères. » Les paroles de Jean Pérol le sont, depuis toujours. Et nous vont droit au coeur ! [Coup de cœur de la Librairie du Rivage 82 Bld Aristide Briand 17200 Royan, le 2 mai 2012]

Jean Pérol, La Djouille, éditions de La Différence, août 2014 — Troisième et dernier volet de la trilogie romanesque de Jean Pérol, La Djouille est le roman du renoncement et du fatalisme. Fatalité de la naissance, de l’amour, des destins dans un monde sans finalité. Que peut la poésie devant cette abyssale vacuité ? La véhémence du coeur, l’élévation des sentiments et des aspirations s’érodent par la cruelle réalité des faits. Mais toute la grandeur et la raison de nos vies ne sont-elles pas dans ce combat fait de mots et d’idées, combat désespérément futile mais indispensable comme Pérol l’a déjà clamé dans son Aparté pour Adorno (À part et passager, La différence 2004).
Après l’évocation de sa jeunesse, dans le roman Un été mémorable, puis de sa vie au Japon avec Le soleil se couche à Nippori, Jean Pérol aborde son retrait dans la solitude et nous offre son regard sur une vie d’homme, À part et passager…
Le narrateur, vieux professeur retiré dans les monts ardéchois, est devenu pour le jeune Fabien, une sorte de mentor discret, Alceste sans prosélytisme. Il est curieux et attendri devant cet adolescent de condition modeste qui vit son amour naissant pour Clara, d’un milieu social plus privilégié. Des souvenirs de son poste en Afghanistan et un amour brisé, quelques années auparavant, viennent nourrir ses pensées à la vue de ces jeunes en devenir. L’Afghanistan les rattrapera dans d’autres circonstances.
« Alors, voilà, au bout de tout cela : repli dans la chaumière, repli dans la tanière, repli dans les brumes des montagnes austères. Retranchement béquille. Solitude dans les rochers pour finir et en finir. Mourir en soi à pas de loup. » [Coup de cœur de la Librairie du Rivage 82 Bld Aristide Briand 17200 Royan, le 15 août 2014]

Les livres de Jean Pérol, poète et romancier, sont précieux, comme le sont les amis fidèles et exigeants. De la liberté, de l’amour, de la vie, Jean Pérol sait dire toute la beauté, l’émotion et la déchirante issue. À la bêtise et à la haine, sa poésie répond avec véhémence, générosité et intransigeance. Lire et relire Le soleil se couche à Nippori, clamer sa lettre à Adorno, vibrer à la lecture de Libre livre et enfin, le coeur serré, se plonger dans cet Infini qui va bientôt finir. [Coup de cœur de la Librairie du Rivage 82 Bld Aristide Briand 17200 Royan, le 21 mars 2018]


Découverte : Denise Rigot-Dessirier —>

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