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Lætitia Extremet, Deux poèmes
La “découverte” de Possibles, n° 45, juin 2019
L’Envers
Petit être de glaise toujours implore l’infini,
Là où toute âme de nous s’enfuit, vers ce point de bascule
qui nous attend au crépuscule de l’envie, au bout du jour
où nous convient les alentours de l’éclaircie.
Y aller sans détours et sans l’ombre d’un tourment,
pour qui la route est sombre sous cette voute est un mirage,
Vaste utopie dont les contours sont indécis.
Le fugitif dans son impie n’a d’autre issue que l’agonie,
Frayer les vers, mordre la terre, finir poussière et dessécher.
Attendre qu’une ondée le ramène à la vie, fasse fleurir
une essence végétale qu’un vent emportera ailleurs
Loin de la terre, au bout du ciel, dans les confins de l’embellie.
Mais la glaise dans la terre s’embourbe, s’affaisse dans l’envers
Creuse sa fosse, poursuit sa chute infiltrée,
ne connaissant d’autre chemin que cet enfoncement.
Et s’abîme lourdement.
Lætitia Extremet
Leurs mains jointes
Leurs mains jointes sont des terres creusées par l’usure du temps
Et les nœuds de leurs doigts les retiennent mêlées l’une à l’autre.
Deux d’une humanité, dissous en un seul être.
Leurs yeux délavés peinent à voir au-delà des souvenirs anciens,
Effrayés à l’idée de partir en premier laissant l’autre échoué.
Ils n’ont plus rien à dire qui ne leur soit audible
N’ont plus de mots pour confondre leur peine et retenir l’instant
Sur le rebord du monde dont ils quittent les rives.
Ensommeillés, ils écoutent, guettant le souffle qui s’éteint
Qui vient de se suspendre.
Demain sans doute, elle ira le rejoindre.
Lætitia Extremet, Le Livre des visages, 7 janvier 2019
Hier : Jean Diharsce, Île en ailes —>
Lætitia Extremet est venue récemment à l’écriture de textes courts, de poèmes postés sur Le Livre des visages, quelques-uns sur Calaméo et une première publication dans la revue Poésie première n°73 d’avril 2019.