Philippe Leuckx, Possibles, n° 42, mars 2019

Philippe Leuckx, Mon père a frôlé
Hier : L’invité de longue date pour ce numéro de juillet 2019

à mon père, décédé le 9 mai 2006
Philippe Leuckx, Étymologie du cœur, 2008

Mon père a frôlé

Leuckx

Mon père a frôlé la mort –
Sa petite soeur lovée en son souffle –
J’ai tenu sa main froide
Je l’ai faite mienne
En ma chaleur de fils
Oui il respire mieux la nuit est moins lourde
La vie moins sourde à son appel
Il respire mieux. Il avait beaucoup de mal à prendre un peu d’air. Engoncé dans un roc incompressible. Cette nuit le roc a laissé place au souffle et le sourire est revenu, avec le souffle. J’ai passé une nuit claire, heureuse. J’accompagne la travée, le souffle, et le passage du souffle.
Comme il fait père soudain dans mon coeur !
J’écoute la semonce du risque, ce qui gronde, et je m’appuie sur les souvenirs.
Un fils raccommode le lit de son père, replace un oreiller. Le père est un enfant qui se laisse faire. Le père, en sa douleur, a un demi sourire lorsque le drap vient frôler sa joue.
Un jour, votre père ne vous tient plus la main.
Un jour, votre père n’est plus là pour vous serrer la main. Vous l’écrivez dans le ventre des mots. Vous pouvez le réciter, le coeur, lui, dans la plus blanche des solitudes, ânonne sa peine

Philippe Leuckx, Étymologie du cœur, Encres vives n°313, 2008


Poète invitée: Colette Daviles-Estinès —>

Rien n’est plus complet pour connaître Philippe Leuckx que sa notice Wikipédia.


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