Nour Houda Badis, Possibles n° 60, décembre 2020

Nour Houda Badis
La “découverte” de ce numéro de décembre 2020

Où est donc la Lumière quand soudain
notre « Tunisie Verte » est dévastée par l’obscurité ?

Qui suis-je ?
Où es-tu, ô moi-même ?
Tu étais tout près de moi, à mes côtés, derrière moi
Je ne sais
Ce qui s’est produit !
Tu es de moi, tu étais à moi
Ou alors c’est moi qui serais passée un jour par ici ?
Ou j’aurais perdu ta trace
Où es-tu par rapport à moi ?
Dans le blanc de mes yeux
Dans le noir de ma nuit
Sur mes cils et paupières
Je te cherche, je me cherche, je cherche la Verte
Tu pleures, tu appelles « Où es-tu ? »
Où est donc passé mon cœur ?
Où est donc passé mon esprit ?
Ô toi ! ô moi !
Ô tout mon être ! ô partie de moi-même ?
Ô ma blessure et mon pouls !
Ô lumière assaillie par l’obscurité !
Ô vide où l’espoir se meurt !
Ô temps de la sécheresse et de la traîtrise
Temps des affres de la mort, de l’infertilité
Pourquoi ne me vois-je pas, ne te vois-je plus ?
Dans ma terre sévit la stérilité
Dans mon cœur grandit la lassitude
Dans mon corps se développe l’épidémie
Mon être meurtri crie : Où est le jour ?
Où est la lumière ?
Que se passe t-il dans ma Verte, ma patrie ?
Dans ma poitrine ,
Quel mal a frappé mon cœur ?
Qui a malmené mes objets ?
Qui a bafoué mes rêves ?
Fais de moi un poème
Qui ne ressemble à nul autre
Fais de moi une peinture
Où coulent des fleuves et des rivières
Où se dessinent des montagnes
Où s’étendent des mers
Où planent des nuages
Où s’allument des bougies
Et où poussent des branches, des arbres et des roses !

Nour Houda Badis, traduite de l’arabe par Ridha Khil Bourkis


Delphine Burnod, Trois billets poétiques —>

Nour El Houda Badis, professeur à l’université de Tunis, enseigne la science de la rhétorique et l’analyse du discours. « L’auteure de ce poème parle de notre Tunisie (La Verte) qu’elle ne reconnaît plus et où elle ne se reconnaît plus après la fausse « révolution du jasmin » — un coup d’État fomenté par le gouvernement américain en complicité avec le Quatar. Hilary Clinton, dans son dernier livre, précise que ce coup d’État a été perpétré pour ouvrir le pays aux obscurantistes islamiques. Elle parle de « chaos créateur » dans tout le monde arabe. » Ridha Khil Bourkis, MP en date du 14 octobre 2020.

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