- Menu Possibles, nouvelle série n° 36, sept. 2018
- Sommaire de ce n° 36, nouvelle série, sept. 2018
- Contemporain : Gérard Chaliand, Mon règne
- Gérard Chaliand, Autrefois, je saisissais du monde
- Gérard Chaliand, Chant VIII Les femmes
- Feu nomade de Gérard Chaliand lu par Pierre Perrin
- Découverte : Cécile Coulon, Tu es entrée dans ma vie
- Invitée : Murielle Compère-Demarcy, Laissez-moi regarder
- Jean-Marie Lienard, Fais-toi à une vie moins pleine
- Tous les
sommaires
- Avis de parution n° 36 pour relai vers les amis
- Index des auteurs publiés dans Possibles
- [Pour la B.N.F] ISSN : 2431-3971
- Attente —> accès au n° 37 —> le 5 oct. 2018
Gérard Chaliand
Le contemporain de ce numéro de septembre 2018
Mon règne a commencé par
Mon règne a commencé par un immense hiver
Il y a si longtemps je m’en souviens à peine
des forêts immergées où se fige le cri
j’ai fui
mon corps obscurci de racines et ma peur de la nuit
Je dormais sous la roche
les épaules meurtries la poitrine de pierre
et ma peur de la nuit.
J’étais à Babylone en des temps moins anciens
j’ai transporté la terre des jardins suspendus
j’en ai bu la poussière j’en ai pesé la graine
et le couteau du temps me déchirait les yeux
Bête de somme
des temples et des colonnes
voleur du feu qui m’écartèle
j’ai été la risée parmi les jeux du cirque
la sueur et le sang
des corps pareils à des branches rompues.
j’ai dormi sous l’écorce du silence
au fil des nuits s’avivaient mes blessures
je ne connaissais rien des mots clairs
qui s’unissent aux veines
ni du vent de la mer
mon sang coulait épais comme l’oubli du monde.
Gérard Chaliand, La Marche têtue, Gallimard, 1959
repris in Feu nomade, Poésie/Gallimard, 2016
Cette mise en ligne n’aurait pas pu se faire sans l’accord de l’auteur