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- Attente —> accès au n° 58 —> le 5 sept. 2020
Gilles Compagnon
La “découverte” de Possibles, n° 57, juin 2020
Se trouver étendu
Se trouver étendu à plat ventre sous un fauteuil
Et voir le poids du monde arrondissant son fond
Comme un lourd postérieur posé retord en son creux
Au-dessus, ce monde rond semblant affalé, avachi, vidé,
Les pieds ballants, les bras tendus vers aucun but précis.
On avait l’impression qu’une molécule l’inquiétait sérieux,
Qu’un souci majeur venu d’on ne sait où, suscitait
Problème, inventait frileux, usant, son avancement
à grand pas dans la forêt des bipèdes vivants soudainement en lévitation…
On voyait d’ici une horde de jarrets s’affairer, tourner,
Usant le sol du bloc, le talon alerte et la jambe remuante.
Il me semblait qu’on testait, qu’on évaluait, qu’on jaugeait
Le bénéfice des doutes, l’impatience de la déroute…
Chacun y allait de son envie, de son calcul, de sa volonté, de son virus concomitant,
Comme si on instaurait timidement barrage solide, barrière habile.
Comme si on forgeait un mur de soutainement
Pour l’arrêter, pour s’en soustraire, pour lui poser bâillon
Sur la bouche, harnais à l’oreille, fistule dans le nez.
Tout paraissait obscur devant l’étrange lumière proférée
Par l’ange vengeur rivé à ses étriers
en selle sur son destrier
Bravant la foule des renoncés, des malades qui s’ignorent,
des confinés non avertis d’un drame désuni et sous-jacent.
Il m’arrive quelques secondes, une minute ultime
de m’autoriser encore une dernière fois
à tout simplement
rêver !
Gilles Compagnon, Le Livre des visages, 15 avril 2020
Hier : Marie-Josée Desvignes Haut cœur de pierre —>
Gilles Compagnon habite en région lyonnaise. Il se passionne pour la bonne chanson de langue française. Il donne souvent à écouter Anne Sylvestre, Julios Beaucarne, Jean Vasca, parmi les plus connus. Il écrit des poèmes parfois érotiques en résonnance avec quelques autres de ses amies.