- Menu Possibles, nouvelle série n° 14, novembre 2016
- Sommaire de ce n° 14, nouvelle série, novembre 2016
- Contemporain : Jacques Réda
- Jacques Réda, Amen, 2 poèmes
- Jacques Réda, Tombeau de mon père
- Présentation de Jacques Réda, poète
- Découverte : Richard Taillefer, 3 poèmes
- Hier : Guy Chambelland, [n° 15, octobre 78]
- Invitation : Monsif Ouadaï Saleh, 2 poèmes
- Note de lecture : Diérèse, revue n° 68
- Ajout n° 14 : Jacques Réda, Récitatif [extrait]
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sommaires
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- [Pour la B.N.F] ISSN : 2431-3971
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Jacques Réda, Lettre sur l’univers
Le contemporain pour ce numéro de novembre 2016
Aux armées de la République
Le dernier de cinq poèmes : Salut

À ceux qui sont morts sans ami dans une infirmerie
Par un après-midi d’été massif à Toul, à Metz ;
D’une balle contre un talus, au bord d’une prairie ;
Dissous dans l’air, dans l’eau salée, et tous pour la patrie
(Et quelques-uns d’apoplexie en revenant du mess) ;
Aux derniers escadrons portant la crinière et la lance
Qui pendant la Marne ont chargé les premiers vrais avions ;
À tous ceux qui (debout les morts, les vivants s’en balancent)
Se sont encore un coup extraits des boyaux en silence,
N’ayant jamais voulu cela (non, mais nous le devions) ;
À ceux qui cinquante ans après, du côté de Rufisque,
Ont sorti la capote en drap mitée avec sa brisque,
Leur quincaillerie héroïque et le gros ceinturon,
Pour revenir, sans dents, la tête grise et le menton
Tremblant, saluer devant Douaumont et le Mort-Homme ;
Au soldat Bachir Mohammed qui, sans fleurs ni couronne,
Est tombé le 20 juin 1940, pour des clous,
En défendant un pont sur la Loire en Anjou, doux
Jardin de la France.
Jacques Réda, Lettre sur l’univers et autres discours en vers français, Gallimard, 1991
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