- Menu Possibles, nouvelle série n° 21, juin 2017
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- Contemporain : Philippe Delaveau, Trois poèmes
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- Découverte : Olivier Bouillon, Deux poèmes
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Joëlle Pétillot, Deux textes
[La page “invitation ” de Possibles, n° 21, juin 2017]
Craie des brumes
Faire tous les voyages au seuil d’un temps sans ride, sans terme, sans mot, un temps d’une lenteur sévère. S’y grefferont des rêves à la sauvagerie de tableau noir.
Il y eut une nuit coupée de lune comme d’étoiles, d’un noir d’araignée où la douleur m’attendait, patiente. La patience n’exclut pas la voracité.
Depuis l’infini de la blessure renaît de ce qui n’est même pas ses cendres.
L’écho des nuits humaines dure au-delà d’elles.
La survivance n’est pas la vie, mais elle la cherche dans chaque geste : le pied meurtri sur la pierre, le poing serré sur un bijou, la mèche écartée d’un souffle et le sommeil savon qui s’amuse à déprendre et rit de l’abandon.
Prendre une craie des brumes et tracer, tracer quand même.
Avec des chemins plein la gorge.
Les âmes nues
Quel Nom traverse au loin les pierres ?
Entre le bord hurlant et l’imprononcé des prières, la fragilité d’un seuil.
Entre les haillons du paraître et l’aube des âmes nues dans leur dépouillement, un appel sous les arches parées de résonances.
Entre la vie supposée et le chant qui s’élève, le tissé de voix d’hommes liées à une Présence dont l’absence nous est douleur y compris quand on veut l’ignorer.
La vie ici balance sur l’écho d’un tremblement, un sourire, une tête qui s’incline, une musique ancienne, un livre. Tout est gisant dans la lenteur du geste, les pas en survivance.
La lumière coule du vitrail, le silence habité ruisselle.
Entre ce monde où se tient quelques longues minutes mon corps étranger sous la nef, et celui auquel j’appartiens, une parenthèse happée, une union brève, une fusion. Cela même que je brode à l’envers pour que jamais cette paix, ce silence, ces voix ni cette lenteur n’oublient un temps de vie humaine, le mien, qui restera ici où que je sois.
Du dehors venaient la neige et l’hiver, portant haut la note pure de la cloche qui cisaillait l’immobilité des choses.
Le froid tranquille ne brûlait pas les doigts.
Joëlle Pétillot, Poèmes inédits en volume
Joëlle Pétillot tient un site d’une belle facture, qui marie le texte et l’image, où retrouver ces pages et la suivre.