l e b A b e l, Élégie surnuméraire pour François Laur

l e b A b e l, Élégie surnuméraire
Hommage à l’ami François Laur

Mais quoi,
Entre celui parti vers Cythère, prenant le chemin de toute chair
Et celui qui, resté à quai, endormi dans ses cordages, regarde
De moins en moins au large, où tes voiles chantent un autre air :
Qui compte au mieux combien le silence oblige à creuser un écho ?

Tu vois
Le manche du rasoir d’Occam m’a fait cadeau d’une écharde
Piqûre de rappel : parce que tu fauches les clichés en haute-mer
Parce que tu ne charges plus l’injustice tenant le sabre au clair :
Jouir de la vie à la hussarde : seuls le disent encore tes anciens mots.

Les noms ?
Tous s’effacent : la peau de chagrin, le vélin, rien ne les garde
S’il n’est pas un goût comme celui de la vie, mais en plus amer,
Dans une absence, un appel à chercher le miel de quelques mots
À lire, pour dévêtir la ligne des frissons qui toujours y musarde.

François,
Pour tes chansons et tes gestes, on peut trouver d’autres bardes.
Nous avions sympathisé à la barbe des préjugés, des drapeaux
Tu avais choisi les corps, leurs sueurs, pour y tonner tes concerts :
Tout cela, d’autres peuvent y faire leur nid, mais comment être toi ?

Nota bene
J’ai forcé la rime, c’est vrai, dans l’espoir de t’entendre en parler.
Je sais l’inutile de l’intention, et le futile de la réalisation : j’ai le droit
de passer ainsi ma colère, de te garder ainsi captif en mon esprit pour
Un court instant. On en reparlera ensemble à Cythère, si l’on s’en souvient.

l e b A b e l — Atelier de textures.Été 2017, Poème inédit

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