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Yves-Jacques Bouin
Hier : L’invité de longue date pour ce numéro de juillet 2018
En somme la poésie ce n’est rien d’autre que cela : un horizon en spirale comme un coquillage s’abouchant au tympan, l’instant où deux sons se frottent l’un l’autre, creusent le pouvoir de rêver à la réalité et font surgir des mots, parfois en inventent.
Yves-Jacques Bouin
Ivresse astronomique de la conscience
À l’heure où j’écris ce poème,
J’aimerais
Dire le nombre des blessures d’amour. Et lisant dans les plaies, je connaîtrai le monde,
Dire le nombre des regards où l’espoir s’éblouit. En lisant la lumière, je connaîtrai la vie,
Dire le nombre des sourires qui traversent le cœur. Et lisant sur les lèvres, je connaîtrai la joie,
Dire le nombre des caresses qui offrent au corps sa seule raison d’être. En lisant sur la peau, je connaîtrai la mort,
Dire tous les poèmes taiseux qui patientent dans les livres. Et lisant leur désir, je connaîtrai le souffle,
Enfin additionner blessures, regards, sourires, caresses et poèmes, pour glisser les zéros du nombre au bras du bonheur qui n’existe que par le verbe.
Ayant bu jusqu’à la lie la fiole de la folie, son alcool me révèlera peut-être la connaissance suprême,
À l’heure où j’écris ce poème,
dont je suis l’ignorant.
Yves-Jacques Bouin, poème lu au café de la place St-Sulpice, juin 2018
et repris de la revue Alsacienne n°128 Folies, 2017
Yves-Jacques Bouin est poète, comédien, metteur en scène. Programmateur du festival littéraire Temps de paroles puis des rencontres poétiques TèmPoésie, il a publié chez divers éditeurs (le Pré Carré, L’Épi de seigle, la Renarde Rouge, l’Improviste, Clarisse…) dont son dernier ouvrage Une passée de paroles aux éd. Mazette. Il est responsable de la collection 3,14 g de Poésie aux éditions p.i.sage intérieur et participe à la revue de poésie Décharge.