- Menu Possibles, nouvelle série n° 39, déc. 2018
- Sommaire de ce n° 39, nouvelle série, déc. 2018
- Contemporain : Alain Nouvel, le poète est toujours
- Alain Nouvel, Tu m’as dit ton silence […]
- Alain Nouvel, Prosopopée de l’esprit, 2005
- Alain Nouvel, présentation par Pierre Perrin
- Découverte : Carmen Pennarun, Sur son cahier
- Invité : Gérard Mottet, Par les chemins de vie
- Patrick Prigent, Poèmes inédits, 2018
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sommaires
- Avis de parution n° 38 pour relai vers les amis
- Index des auteurs publiés dans Possibles
- [Pour la B.N.F] ISSN : 2431-3971
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Alain Nouvel
Le contemporain de ce numéro de décembre 2018
Une présentation par Pierre Perrin
Dans un roman d’amour d’Alain Nouvel, inédit à ce jour, la seconde partie livre cet exergue : « Ce qui se crée, c’est toujours du secret. Quelque chose en se créant sécrète – mais quoi ?… Ça se dit sans se dire et, dans ces interstices, du secret au sacré se tisse. Et ce tissu tissé révèle et cache en même temps. Le texte en se tissant nous crie : « J’ai un secret » et ce disant il en dit trop et pas assez. L’art se crée là, dans ce creux se creusant du secret, du sacré, creuset d’un interdit bégayant et béant. » Cet art virtuose est le sien. Alain Nouvel a publié une douzaine d’ouvrages. Les premiers sont à chercher dans deux maisons d’éditions. L’Instant perpétuel, dirigé par Christian Nicaise, un éditeur et collectionneur de Rouen, lui a publié six titres entre 1998 et 2000. Pour le volume dont je viens de donner trois extraits, Variations sur une femme donnée, et reprise, 2005, il appartient parmi d’autres titres aux éditions La Chimère, qu’on peut joindre à cette adresse postale : 28 impasse du Soustet, Les Jonchiers, 26170 Beauvoisin.
Alain Nouvel a publié Au nom du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest aux éditions des lisières, 2016 [96 pages, 16 €].
En regard de ces nouvelles relativement brèves, mais pleines, l’éditrice prévient avec justesse : « Érudite et onirique, l’écriture d’Alain Nouvel est pleine de questionnements et de fantaisie. » En fait de fantaisie, elle livre bien davantage un envers du monde ou une intériorité difficile à découvrir pour chacun. Ainsi, à la rencontre d’un maître de chapelle de tout un village, l’auteur nous révèle « un monde débarrassé de ces nuisances accablantes et banales que la modernité impose à notre cerveau […] Notre société a évidemment besoin de cette hystérie, de cette agitation, mais nous, non […] Ce qui était bruyant n’était que du silence alors que le silence, lui, parlait ». Une autre nouvelle fait entendre : « La plupart des gens […] ont un royaume trop grand pour eux. Ce n’est plus qu’ils règnent sur lui, c’est lui qui règne sur eux. » Une autre encore : « Et je sens en moi la lame d’un couteau théorique, mais d’une précision de scalpel, séparant l’être sensible et amoureux que je suis du calculateur que je ne suis pas assez, que je ne pourrais jamais être assez », sauf à accepter l’intelligence artificielle, au détour de laquelle il nous rappelle que Dieu « est passé par les hommes sans s’y arrêter ».
Il y a du photographe chez Alain Nouvel. Il saisit ce qui de lui se dérobe, du passé qui nous augmente et nous appauvrit à la fois. Il fait l’éloge de la lenteur et, en abyme, du lent travail d’artisan que nécessite l’écriture, « attendant qu’autre chose que moi vienne », et la relecture qui doit atteindre à la plus grande précision. Il englobe la mort, la sienne et celle de notre civilisation, dans des pages tout ensemble émouvantes et convaincantes. « Nos caprices parlent de nous plus que nos actes. » Le monde concret, tantôt comme des guirlandes sur le sapin, tantôt comme le sapin sous les lampions, file de page en page. La terre est chantée, mais comme « le chant creux d’un silence […] un chant d’ange glacé » à travers quelques paysages adorables et des faits sont rapportés sans détour, tel l’oiseau crucifié sur une porte de grange. « Il écrivait la mer parmi des vagues palimpsestes. » C’est donc un bel ouvrage, à haute teneur de poésie, que cet Au nom du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest, écrivais-je le 18 décembre 2016.
Sortira dans quatre mois, toujours aux éditions des lisières, Anton, roman. Anton, organiste et compositeur, à la suite d’un traumatisme qui bouleverse sa perception du monde et de lui-même, décide de quitter Marseille et d’aller se retirer dans la maison qu’il a héritée de ses parents, dans les Baronnies. C’est le début d’un parcours initiatique, semé d’embûches et de rencontres, qui va lui faire découvrir la joie. — Et à paraître à La Centaurée que dirige Valérie Ghévart [211 rue de Vern Apt 405. 35200 Rennes] Toi, suivi de Je suis le vent.
Pierre Perrin, 28 novembre 2018