- Menu Possibles, nouvelle série n° 39, déc. 2018
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Gérard Mottet, Poème
L’invité de longue date pour ce numéro de juillet 2018
Je n’ai plus de rêves et de larmes que par toi
te retrouvant je me retrouve
Comment ne pas me perdre en te perdant
par toi venu au monde
je meurs et m’évapore en même temps que toi
Gerard Mottet, Empreintes & résonances, Florilège, 2017
Étrange sentiment qui fut le sien
Étrange sentiment qui fut le sien quand il revit la vidéo du jeu de rôles auquel il venait de participer.
— décoïncidence de soi à soi —
Ce n’était ni ses gestes, ni sa voix, ni son regard, trahison de l’écran qui lui faisait écran.
Sans doute quelqu’un d’autre avait-il emprunté de lui une vague semblance et tous les signes extérieurs de son identité.
Mais ce n’était pas lui, c’était un autre à l’évidence.
Cette image-là sous ses yeux, image désancrée et comme inhabitée, ne correspondait pas l’image qu’il avait de lui-même, il ne pouvait la faire sienne.
Quel est donc ce moi regardé qui me regarde ? je ne suis pas cela.
Plus étrange encore fut le sentiment qu’il eut quand il revit sur l’écran ses comparses jouer des scènes semblables aux siennes.
Il fut pris d’une hallucinante autoscopie : il se voyait lui-même incarné dans les autres, ses complices, ses frères, ses alter ego, dans lesquels maintenant il se reconnaissait.
Et c’était comme si se révélait, en la chambre obscure de sa conscience, une image originelle de soi qu’il n’avait encore jamais soupçonnée.
— coïncidence retrouvée avec soi-même —
Et c’était comme si, par un jeu de miroirs et par les chemins de l’altérité, il avait pu enfin traverser l’écran du visible qui, depuis toujours, le séparait de lui-même.
Gérard Mottet, Par les chemins de vie, préface de Guy Allix, éditions Unicité, 2018
Poète invité: Patrick Prigent —>
Gérard Mottet est né à Marseille en 1944. Agrégé de philosophie, il vit aujourd’hui en Île-de-France. Poète, il a son site ; il a publié en 2017 : Murmures de l’absence, réédition L’Harmattan, Prix Marie Noël 2018, Empreintes & résonances, Prix Y. & S. Blanchard, Dijon, et, en 2018, Par les chemins de vie, préface de Guy Allix, ainsi que Concerts de l’Un et du Multiple aux éditions Unicité [que Max Alhau a présenté dans la revue Texture] ; Dans l’ombre des étoiles, Encres Vives. Proche de l’esprit d’Éluard, il offre une profonde légèreté. « Car nous n’avons, mortels, reçu des dieux que l’éphémère / que cet ici nécessiteux / d’où s’efforcent nos pauvres ailes d’immensément se déployer. / Riche est l’instant présent de notre seule éternité. » Plusieurs poèmes ont paru dans une quinzaine de revues et collectifs.