Jean Pérol, inédit in Possibles, revue de poésie en ligne [nouvelle série n° 3, décembre 2015]

Jean Pérol, On va fermer le Luxembourg
« un poème inédit en forme de romance » [nous dit Jean Pérol]

On va fermer le Luxembourg

Dans les jardins du Luxembourg
à pas blessés allons marcher
comme au son d’un lent tambour
on emmenait pour fusiller

vois cette mort d’un bas soleil
dans les filets des marronniers
au loin des reines passer pareilles
à des fantômes décapité

statues des gloires oubliées
dans ces allées par les années
la suie s’écoule sur vos cous
il fait si noir dans vos yeux fous

tournent en rond de beaux joggeurs
leurs souffles dansent dans l’hiver
sous les feuillages qui se meurent
tournent les ombres où tu te perds

un enfant trop pâle et blond
t’envoya entre les pieds
un ballon plutôt crevé
qui se cherchait encore des bonds

on eut dit une relève
à celui qu’un jour tu fus
quand tu voulais lancer tes rêves
vers des ailleurs plus inconnus

mais tout s’essouffle et se finit
dans les allées de tant d’années
chacun n’a droit qu’à un aller
c’est l’interdit de l’infini

tu l’avais fait il se bouclait
sur la planète ton petit tour
et maintenant il te fallait
accepter des ans le cours

les autos grondent dans Paris
démons en manque de bonheurs sombres
phosphorescents leurs yeux dans l’ombre
traquent l’amour qui s’est tari

leur roulement de sourds tambours
sous la nuit chasse les souvenirs
ne cherche pas qui va mourir
on va fermer le Luxembourg.

Jean Pérol, inédit, extrait de L’infini va bientôt finir, à paraître


Présentation de Jean Pérol —>

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