Christine Preti in Possibles n° 40, janvier 2019

Christine Preti
La “découverte” de Possibles, n° 40, janvier 2019

Le train de la vie

Christine Preti

Comment parler du temps, sans le voir passer, défiler devant nous, comme des passagers embarqués dans le train de la vie et à chaque station se lever pour descendre, et puis non, ce n’est pas le bon, ce n’est pas notre arrêt, peut-être le prochain ou celui d’après.

Mais lui, le temps est immobile, contrôleur, mais jamais usager, il suit notre trajet, allé simple pour une fin limitée, limitée à l’oubli, limitée à l’ennui, à l’éternité.
Il nous accompagne et semble ralentir ou accélérer, mais ce n’est qu’un effet de notre pensée.

Immuable, toujours le même, de nature stable et constante, c’est lui qui nous regarde passer, et quand nous sommes passés, Il est encore à nous observer.
Et pendant ce voyage, combien d’amis, d’amours, d’aimés, nous voyons débarquer sur les quais, esseulés, souvenirs de nos âmes passantes que nos yeux ont fixés.

On se laisse conduire, on raccroche des wagons, qui se vident et se remplissent au fil des saisons, pour de nouveaux voyageurs qui attendent patiemment leur correspondance pour une autre maison.
Chacun son tour, au tour de chacun. Chacun sa place et une place à chacun.
Nous avons tous en naissant un billet dont la durée diffère pour un parcours en première ou deuxième classe, au bout de la terre.

Billet oblitéré pour un voyage en solitaire, vers une même destination, la poussière !
Une vie qui avance et se gonfle, de ce temps, que l’on voudrait bien qu'il passe et nous oublie.
Mais une fois sur les rails, il n’y a pas de retour, c’est le prix unique à payer pour un petit tour.
Car la gratuité a été inventée par ceux qui ont du temps à dépenser.

(Chanté) Alors on voudrait qu’elle soit belle et réussie, pleine et jolie notre vie.

Puisqu’on doit la laisser, en consigne, à la gare, à la fin du voyage, pour un nouveau départ.
Ouvrons nos valises, remplies de courants d’air et marchons légers vers d’autres chimères.
On peut toujours rêver à d’autres espaces qui nous proposent de nouvelles places.

(Chanté) Mais, c’est difficile de laisser partir, quand on n’a pas le choix, ce que l’on tient entre les doigts.

© Christine Preti, 2018 Musique, arrangement et interprétation de Guy Gaudenèche


Hier : Colette Fournier, Voyageurs assis côte à côte —>

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