Lucien Becker, Possibles n° 44, mai 2019

Lucien Becker
Le contemporain de ce numéro de mai 2019

Dès que tu entres dans ma chambre

Dès que tu entres dans ma chambre
tu la fais se tourner vers le soleil.
Le front sur toi de la plus faible lueur
et c’est tout le ciel qui t’enjambe.

Pour que mes mains puissent te toucher
il faut qu’elles se fraient un passage
à travers les blés dans lesquels tu te tiens,
avec toute une journée de pollen sur la bouche.

Nue, tu te jettes dans ma nudité
comme par une fenêtre
au-delà de laquelle le monde n’est plus
qu’une affiche qui se débat dans le vent.

Tu ne peux pas aller plus loin que mon corps
qui est contre toi comme un mur.
Tu fermes les yeux pour mieux suivre les chemins
que ma caresse trace sous ta peau.

Lucien Becker, Rien à vivre, Gallimard, 1947, repris dans Rien que l’amour, 1997
Poésies complètes La Table Ronde, [en Petite Vermillon, 2006 et 2019]


Lucien Becker, La vie est belle, belle à en crier —>

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