Lucien Becker, Possibles n° 44, mai 2019

Lucien Becker
Le contemporain de ce numéro de mai 2019

La vie est belle, belle à en crier

La vie est belle, belle à en crier.
À chaque carrefour, elle change de tête,
à chaque baiser, change de bouche,
à chaque femme, elle change de seins.

Les regards sont plus beaux, les uns que les autres
et chacun deux, s’il se lève d’un visage de femme,
est bouleversant comme la dernière jetée de soleil
sur une ville qui s’enfonce dans le noir.

Au coin des lèvres, il y a du sang
mais personne ne peut l’enlever
car il vient tout droit du cœur
rappeler que la bouche est une source de feu.

Les chambres d’hôtel sont ternes
mais la joie des corps y brûle,
contenue entre deux peaux frémissantes,
inapaisée comme tout un été.

Lucien Becker, Plein Amour, Gallimard, 1954, repris dans Rien que l’amour, 1997
Poésies complètes La Table Ronde, [en Petite Vermillon, 2006 et 2019]


Lucien Becker, Je m’enfonce très fort les ongles —>

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