- Menu Possibles, nouvelle série n° 8, mai 2016
- Sommaire de ce n° 8, nouvelle série, mai 2016
- Contemporain : Dominique Sampiero
- Dominique Sampiero, Lettre de ficelle, II
- Dominique Sampiero, Lettre de ficelle, fin
- Présentation de Dominique Sampiero, poète
- Découverte : Élisabeth Loussaut, 4 inédits
- Hier : Yves Martin Entretien [n° 18-19, 1979]
- Invitation : Franck Balandier, Poèmes inédits
- Le Sentiment de l’inachevé, Gallimard, 2016
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- [Pour la B.N.F] ISSN : 2431-3971
- Accès au n° 9 paru le 5 juin 2016
Franck Balandier, Quatre poèmes
[La page “Invitation” de Possibles, nouvelle série n° 8, mai 2016]
Pourquoi le talent, c’est comme la foudre, ça tombe toujours dans le champ du voisin, jamais chez moi ?
Franck Balandier, sur Le Livre des visages, 27 février 2016
L’échec du vent
L’échec du vent dans tes cheveux
Ce tout petit rien de toi pour repousser l’assaut
Nos gestes à l’abri
Nos mots aussi
Il faut à la nuit l’affront de nos sueurs
La douleur de nos ventres collés
L’ADN de nos salives
Toutes nos humeurs comme preuves d’un crime à ne plus commettre
Celui de nous aimer derrière les barbelés.
Ma mère
Ma mère avait un sourire si dur
Et des mots d’acier bleu
Quelque chose de trempé dans de l’eau bouillante
Quelque chose qui brûlait à mes joues
quand elle m’embrassait.
À te regarder grandir
À te regarder grandir, je n’ai pas pris le temps de me demander comment et pourquoi les choses arrivent.
À te regarder grandir, je ne me voyais pas vieillir.
Il en est de nos âges comme de nos innocences :
Il vaut mieux les soumettre plutôt que les subir.
J’ai la nostalgie de ta jeunesse et l’insouciance de tes musiques.
Je n’oublie pas de rester près de la sortie de secours.
Mes nuits, au jour, sont sans appel
Mes nuits, au jour, sont sans appel. Condamnées. Elles ressemblent à mes livres. Vécues dans l’urgence de l’aube. Je veux tout retenir de leur ivresse. J’écris à la lumière des bougies incendiaires. Je tends mon cri au silence qui passe. Je cherche des allumettes pour éloigner le sommeil. Je déclame les chants de Maldoror pour me faire rêver encore.
Mes nuits ont l’incandescence de ma jeunesse. Je cherche au plafond la trace de leurs mots perdus. La saveur de mes hier. La chaleur de mes hivers. Je n’attends plus rien de l’insomnie qui vient.
Requiescat in pace, les nuits de demain.
Franck Balandier, Poèmes inédits [2015-2016] dont le © lui reste entier
Franck Balandier a publié quatre romans dont Le Silence des rails, Flammarion, 2014 – lu sur La Cause littéraire par Victoire NGuyen – et plusieurs essais sur Apollinaire incarcéré à la Santé. Poète, il est proche de la revue de Christophe Dauphin, Les Hommes sans épaules à laquelle il a collaboré à plusieurs reprises. Ses poèmes, généralement brefs, entendent restituer la fraîcheur de l’inspiration qui les a fait naître — à quoi s’ajoute un réel plaisir de lecture. [Note de P. P.]