Cécile A. Holdban in Possibles n° 10, juillet 2016

Cécile A. Holdban, Poèmes d’après
[La page “invitation ” de Possibles, nouvelle série n° 10, juillet 2016

Ce n’est pas nous qui écrivons les poèmes, ce sont eux qui nous écrivent
Cécile A. Holdban, Poèmes d’après, éditions Arfuyen, 2016

Plutôt qu’un poème

couv. HoldbanPlutôt qu’un poème, c’est toi que je veux écrire, je veux ouvrir l’amande de ta vie, trouver le fruit, amer ou doux, le fruit de ton regard clos.
Aujourd’hui, un ami me dit : chez nous, les amandiers sont en fleurs : rien de plus beau que le noir et blanc de ces fleurs.
Tu chantais en cueillant les fleurs, puis les coques de velours vert.
Tu te penchais sur la terre en toute saison, creusant de tes mains, tu semais, tassais, cueillais, caressais et frappais la terre.
Ton regard a tant bu de terre qu’il était long comme la nuit.
Les oiseaux du jardin connaissaient le secret de ta nuit. Tu les accueillais, les nourrissais de tes grains.
Ils venaient se poser sur ta robe, et te regardaient, amoureux.

L’univers que compose en toi

L’univers que compose en toi le silence est un paysage.
Tu es langue en ce paysage, sa langue, son voyage
ton visage règne sur ses étendues, forme ses océans,
dans ses eaux changeantes, ta plénitude croît.

Rien n’est brisé, chaque fragment retrouve le lieu de son unité,
la plénitude versée du silence contenant la parole
l’océan qui rejoint la source jaillissant.

Quelque chose cesse alors,
une vacuité dont la peur s’affuble
en toi, je reconnais ma solitude
et n’ai qu’une seule certitude :

sur ta peau, tes yeux, tes cicatrices,
comme constellations d’un sel qui scintille
demeurent les mots de ceux qui ont aimé.

Cécile A. Holdban, Poèmes d’après, éditions Arfuyen, 2016
[avec l’aimable autorisation de l’auteur et de l’éditeur]

Cécile A. Holdban, née en 1974, a été publiée pour la première fois en France par Angèle Paoli, sur Terres de femmes, en 2011. Poète et traductrice notamment d’auteurs hongrois, Poèmes d’après, dont voici deux extraits, est son troisième recueil, paru ce printemps. Elle est présente dans plusieurs revues. Elle a donné deux ensembles de trois poèmes à l’excellente revue en ligne Ce qui reste qu’elle dirige, depuis septembre 2015, avec Sébastien de Cornuaud-Marcheteau.

Le Frais Regard : des notes de lecture —>

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