- Menu Possibles, nouvelle série n° 2, novembre 2015
- Sommaire de ce n° 2, nouvelle série, novembre 2015
- Contemporain : Christophe Dauphin, Mirage
- Christophe Dauphin, La Tête à couper
- Christophe Dauphin, Poème toscan
- Présentation de C. Dauphin, poète, essayiste, etc…
- L’émotivisme expliqué aux e-nuls
- La revue Les Hommes sans Épaules n° 40
- Sébastien Robert et sa revue Haies vives
- Hier : Katrine Mafaraud Je suis laide [n° 14, 1978]
- Invitation : Terres de femmes d’Angèle Paoli
- Tous les sommaires
- Retours par courriels de lecteurs sur ce n° 2
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- Rappel : sommaire du n° 1, octobre 2015
- Accès au n° 3 paru le 5 décembre
Terres de femmes
La revue de poésie & de critiques d’Angèle Paoli
C’est l’Airbus 380 de la revue en ligne, racée, belle à regarder, ponctuelle et d’une richesse insondable. Je mets quiconque au défi de la parcourir en moins de 24 heures. Tout d’abord elle affiche 131 numéros, et quels numéros ! Le premier remonte à décembre 2004. Il offre 73 articles, parmi lesquels on lit aussi bien Louise Labé et Gérard de Nerval que nos contemporains Alain Duault, Linda Lê, Jacqueline Risset… Un poème de Jacques Réda est reproduit de son Adoption du système métrique, “L’Homme et le caillou”. Ce numéro princeps fourmille déjà de contributions, créations et notes de lectures de grande qualité. De surcroit, sa directrice ouvre sur d’autres sites, comme elle ne cessera de le faire jusqu’à ce jour. Le numéro de septembre 2015 offre, lui, 24 articles, parmi lesquels on peut lire quelques vers traduits d’Ingebord Bachmann, d’autres de l’italienne Chiara de Luca, très beaux, d’autres encore d’Ariane Dreyfus, Anise Koltz, Thierry Metz. Ouverture d’esprit et ouverture au monde, tolérance et générosité, cela mérite d’être suivi de près. À l’évidence, Angèle Paoli n’ignore rien, ni bien peu de monde, de toutes les femmes qui écrivent. Elle-même mérite pleinement la lecture : « Où est son bien ? Elle le cherche. Il la fuit. Sa nature même lui échappe. Elle s’agrippe aux bouquets d’euphorbes, au chant solitaire d’un oiseau qui appelle sa compagne lointaine. »
Ensuite, l’empan est considérable. Le site qui abrite cette revue propose aussi, comme sans y toucher, des rubriques “actualités”, “musique”, “beaux arts”, “culture”, “expositions & spectacles”, “critiques & revues”, sans omettre “la poésie contemporaine” ni les “chroniques de femmes”. Ces dernières sont justifiées de la sorte : « j’ai souhaité que Terres de femmes ne soit pas seulement un îlot cap-corsin, mais aussi une terre de partage où la parole et le regard des femmes soient pleinement reconnus et aient un vrai droit de cité ». Elles sont au nombre de soixante-douze aujourd’hui. Le tout constitue une nourriture spirituelle d’envergure. Rien qu’à suivre l’actualité, elle fait se côtoyer l’information d’un hommage à Jean-Claude Pirotte, le magnifique auteur du récit Un été dans la combe, le poète du Promenoir magique, deux volumes à La Table ronde, et un autre hommage à Denis Roche pour qui la poésie était inadmissible, d’ailleurs, affirmait-il, elle n’existait pas. Un tel éclectisme mérite d’être signalé.
J’aurais une seule question. Pourquoi ce choix de pages bondées qui, si quelqu’un se mêlait de les imprimer, exigeraient quinze, vingt, trente feuilles de papier ? En d’autres termes, et c’est encore une qualité de ce site, Terres de femmes, comment Angèle Paoli réussit-elle à captiver l’attention du passant “électronisé” ? Ce que j’ai cru comprendre de l’état actuel de la lecture, c’est la nécessité d’une relative brièveté, le recours à l’image plus “marketing” qu’objet d’art. Il suffit de regarder les journaux sur le Net. Terres de femmes n’ignore rien de cet état, mais semble au contraire le sublimer. Il est vrai que la plupart des poèmes présentés sont brefs, avec des vers plus brefs encore – un rai d’oralité ? Cela occupe de l’espace, cette découpe de la parole “à la ligne, à la ligne”. Mais Angèle Paoli ne cède rien, ni sur l’image, ni sur la qualité des écrits mis en ligne. Il n’est que de lire par exemple Emily Dickinson, « Nous avons appris l’amour tout entier » et les questions prennent soudain le regard de l’infini.
Pierre Perrin, jeudi 8 octobre 2015