- Menu Possibles, nouvelle série n° 12, septembre 2016
- Sommaire de ce n° 12, nouvelle série, septembre 2016
- Contemporain : Alain Borne
- Alain Borne, Le Plus Doux Poignard
- Alain Borne, Indéchiffrable, inédit
- Présentation du poète Alain Borne
- Découverte : Anne Marguerite Milleliri, Poèmes
- Hier : Jean Breton, [n° 11-12, déc. 1977]
- Invitation : Jean-Pierre Georges, 2 poèmes
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sommaires
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- [Pour la B.N.F] ISSN : 2431-3971
- Accès au n° 13 paru le 5 octobre
Anne Marguerite Milleliri
[La “découverte” de Possibles, nouvelle série n° 12, septembre 2016]
Écrire contre
Écrire contre.
La mort. L’oubli. Le silence. L’incendie.
La couleur noire des souvenirs noirs.
La pluie qui gifle. Le mot qui tue. La dérive du corps qui n’a plus faim ni soif ni sommeil. Les étoiles effacées dans ce ciel à la mine de plomb. La colère réprimée. Le verre tombé des mains, brisé au sol comme un arrêt du coeur.
Écrire contre. Tout contre. Le jour qui meurt, dont tu refuses la mort, et que tu regardes mourir avec toujours cette même colère contre. Et où va-t-il ce train ? Où est-ce, loin de toi ? et pourquoi loin de toi ? Et quelle est cette histoire qui continue de s’écrire sans nous ? Elle ne veut rien savoir de nous deux. Vieille flèche, et sa cible perdue dans le brouillard. Rien de nous deux dans cette histoire. Il fait froid, tu sais. Il fait froid et tu sais. Quelqu’un a peur. Il fait froid sans toi.
Écrire tout contre.
Sous cette terre
Sous cette terre en friche
Le murmure chanté d’une source,
un tempo qui bat en rythme avec le sang
Et dans le ciel en friche,
tout un bleu – de tous les bleus du monde réel – tout un bleu en bouquet
de bleus comme l’or des mots aimants.
C’est un fil tendu entre le vide et le plein, entre nos deux mains. Il est fragile et fort. Il est ce que nous sommes. Il est ce chemin nôtre.
J’y lis du bout des doigts ton visage et tout ton corps. J’y lis les mots inscrits et les mots gommés et les silences-mots. J’y lis ton enfance et tes yeux. J’y lis toi et moi et l’Océan de nous.
La ligne verte
La ligne verte entre goéland et effacement.
La ligne verte du chant perdu. À ligne froide
stérile. Le goéland comme enclos dans cette mort
qui vient, clos entre ses ailes meurtries.
Si peur de sa peur. Sans savoir ce qu’elle est. Seul savoir :
il va mourir.
Elle reste accroupie tout près. Ses bras autour du corps, comme
lui ses ailes. Ses yeux noirs, mat, de plus en plus, et l’opaque
d’un drap blanc de plus en plus.
Le goéland. Ne pas mourir. Les yeux fermés. Ne pas mourir.
Et quand il tombe de côté sur la terre froide stérile
je tombe avec lui. Un pan du monde meurt avec nous
Anne Marguerite Milleliri, poèmes inédits
Anne Marguerite Milleliri publie sous pseudonyme transparent, sur Fb. Sous son nom, on peut la lire sur Terres de femmes d’Angèle Paoli et, bientôt, dans la revue Écrits du nord de Jean Le Boël.