Patricia Suescum in Possibles n° 15, décembre 2016

Patricia Suescum, Journal-poèmes
“Découverte” Possibles, n° 15, décembre 2016

Que ton œil ne regarde pas au-dessous des étoiles. L’isolement te préserve de ce qui est condamnable.
Que tous soient témoins de ma chute car j’ai choisi la vie.

Patricia Suescum, Journal, 6 octobre 2016On peut trouver et relire Patricia Suescum dans le n° 6 de mars 2016

Aux mains tendues, aux doigts de jaspe

Portrait de Patricia SuescumAux mains tendues, aux doigts de jaspe, gardez serrées mes déchirures et pardonnez l’humeur instable de ma voix. Il y a tant d’interférences entre les murs de nos prisons et tant de visages dans l’absolu. Tant d’abnégation dans la stricte vérité et tant de moyens pour la contourner.
Ne m’abandonnez pas. J’ai pris de l’avance sur la rupture ; l’anticipation me lamine et décuple les points de chute au degré zéro du mensonge.
Et si je dois tomber, renoncer ou faillir que ce soit dans le souvenir d’un acte d’amour, dans la chaleur de vos paroles, dans le secret de vos tourments.
Ma blessure et vos blessures se dressent comme un calvaire et hissent le cri du cœur aux dessus de nos têtes.
Que brûle l’essence des êtres, qu’émerge enfin la vraie nature de l’homme. Il y a de la grandeur dans nos faiblesses, de l’horreur de vivre à le savoir.
Que l’on nous pardonne enfin nos offenses.

Patricia Suescum, Journal, mai 2016

Marche arrière

Du grand feu, je ne respire que la cendre et la masse des songes calcinés. Halte aux rancunes par conséquences. A trop crier, la tête vrille et se dédouble. Trop d’injustices pour moi seule, tant de guerres pour en découdre et sortir grandie de l’épreuve.
Trop de ressentiments à déglutir, à fond de gorge. Tant d’escales inconnues, désertées par le hasard. La générosité se paie par paquet de tripes et la curiosité prend l’œil de l’inquisition.
Combien de fois, devrais-je mourir, accrochée à la barre vermoulue de mes illusions ?
Tiens-toi tranquille, petite fille ! Regarde les grands de ce monde ! Et vois l’entreprise monumentale. Broyer du vide demande assiduité et expérience.
Sors d’ici et dévoile à nouveau l’horizon.
Pause.

Patricia Suescum, Journal, 19 octobre 2016

La cime est imaginaire

La cime est imaginaire
L’ombre, la première étape de la clairvoyance
La Caverne n’en finit pas de cacher ses secrets
Je me tiens accroupie devant toi et j’ai pleine conscience de mon aveuglement. Le savoir n’empêche rien, ma petitesse renvoie le mauvais reflet. Laisse-moi découvrir l’envers du rocher et garde-moi captive ; je cherche la vérité. Apprends-moi l’indulgence, la sérénité de l’argumentation sans faille, où l’acceptation est grandeur.
Je verrai le travail accompli et mes passions rendront justice au noyau dur de mon esprit.
Je sais la suffisance de ma flamme et l’élan inopportun ; je suis dans l’abstraction, mes yeux sont grands ouverts et ma peur glisse à trépas.
Je veux connaître ton langage, sous les strates de l’ignorance. Je ne veux plus contempler mais apprendre.
Je ne chanterai plus l’oiseau, mais son instinct.
Laisse-moi voir sans l’artifice de mon œil, le reflet du reflet, la véritable nature…

Patricia Suescum, Journal, 5 novembre 2016On peut trouver et relire Patricia Suescum dans le n° 6 de mars

Hier : Michèle Lévy —>

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