Lionel Ray, Possibles n° 17, février 2017

Lionel Ray, Pages d’Ombre
Le contemporain pour ce numéro de février 2017

Si j’existe que ce soit

Si j’existe que ce soit dans une procession
de fougères ou dans le premier battement de coeur
du scarabée que ce soit dans un panier
de figues ou dans les antennes de l’orage
lorsqu’une ville de marbre et d’eau soudain
surgit à l’embouchure d’un fleuve chargé de nuits
d’arbres peints et de querelles invisibles.
Si j’existe que ce soit dans le nom caché
d’un oiseau ou dans ce dirigeable en dialogue
avec les fumées les brumes et le grand large.
Que ce soit dans les paroles perdues
du côté de l’ombre
et la bonne fatigue et l’heureuse impatience!

Lionel Ray, Pages d’Ombre, Gallimard, 2000
Cette mise en ligne n’aurait pas pu se faire sans l’accord de l’auteur

La vie qui te vient du dehors

La vie qui te vient du dehors n’est pas la vie,
mais comme dans une ville obscure il y a des rues
imprévisibles et des morts qu’on ne voit pas,
il y a en toi dans le faux jour d’un clair de lune
inversé, des ombres sans trace et sans écho,
et tu es pris d’étonnement dans l’oubli de ce qui est:
tu te penches sur un pont, mais la vérité depuis
longtemps t’a quitté, fuyante entre les toits et les caves,
la ville est une étrangère et tu te retrouves soudain
voyageur inconnu sans horaire
dans l’ignorance de qui tu es.

Lionel Ray, Pages d’Ombre, Gallimard, 2000
Cette mise en ligne n’aurait pas pu se faire sans l’accord de l’auteur

Lionel Ray, Matière de Nuit I —>

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