Lionel Ray, Possibles n° 17, février 2017

Lionel Ray, Matière de Nuit I
Le contemporain pour ce numéro de février 2017

(le poète)

Comme un qui cherche entre les feuilles un visage
Presque éteint et ne perçoit que la fumée des jours

Comme un, plus sévère qu’un grillon et qui s’enfonce
En terre, nourri d’ombre d’acacia odorant,

Comme un qui s’éparpille dans les filets du soleil
Ou dans la basse profonde des voix marines

Comme un que la mer efface tandis qu’elle crie son nom
Aux rocs aux détritus du rivage à l’ardoise des sables

Comme un qui délire de soif au bord de la fontaine
Et qui baise la terre dévote et qui saigne d’amertume

Et de colère, comme un dans l’œil énorme de la nuit
Dans le livre bleu des solitudes dans les syllabes du sel

Étincelant, qui cherche ce qu’il est dans ce qu’il cache,
Et l’ouverture sourde des voyelles sur un cahier jauni,

Ainsi, quand la nuit pénètre sa lampe et que le ciel
Vibre dans ses yeux, le poète, les mains pleines de cendres,

Mesure l’espace de l’inaccompli.

Lionel Ray, Matière de Nuit, Gallimard, 2004
Cette mise en ligne n’aurait pas pu se faire sans l’accord de l’auteur

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