Jean Orizet, Possibles n° 20, mai 2017

Jean Orizet, Stances
Le contemporain pour ce numéro de mai 2017

À la mémoire de Claude Érignac

Jean Orizet, enfant [source Le Petit Véhicule

Tu es l’inoublié, l’emmuré de Lozère
Tu es aussi le roi de ma pauvre douleur
Dix années ont passé mais tu es toujours là
Puisque ton corps de cendres est aussi volatil
Que l’air qui le contient, présent tout alentour.

Tu flottes en moi léger comme une plume d’ange
Tu pèses en moi plus lourd que dix mille chagrins
Je te retrouve en rêve et te perds au matin
M’efforçant de mêler le soleil et la veille.

Je souris chaque jour à ta photographie
Posée sur le piano, où tu souris toi-même
Et certains soirs trop gris je me mets au clavier
Et pianote pour toi les chansons que tu aimes
D’Apollinaire, d’Aragon et de Verlaine
Quand une sombre joie vient apaiser la peine.

[Novembre 2007]

À la mémoire de Claude

[…] Tu étais chair, te voilà cendre, cher compagnon des jours heureux. L’urne a été scellée dans un muret dominant ta maison de Lozère, rude pays natal où s’ancre ta mémoire. Tu étais chair te voilà cendre à côté des cendres de ta mère, sous un bouquet de chênes et de pins. Tu étais chair, te voilà cendre et lumière en même temps. Tu vis en moi intact et tu me rends jaloux : toi, tu ne vieilliras jamais ; sans toi, je vieillirai plus vite. Tu étais chair, te voilà cendre ou mieux […]. Ton assassin, cher Claude, est bien plus mort que toi. Tu étais chair, te voilà cendre mais les grands vents de ton pays, au fond des orges et sur les causses, sauront faire écho à ta voix.

Jean Orizet,  Stances pour un siècle épuisé sauvé par quelques-uns – 2001-2005
Cette mise en ligne n’aurait pas pu se faire sans l’accord de l’auteur


Jean Orizet, La Tourterelle de Kom-ombo —>

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