Jean-Pierre Siméon, Possibles n° 27, en ligne, décembre 2017

Jean-Pierre Siméon
Le contemporain pour ce numéro de décembre 2017

Le Bois de hêtres
(Buchenwald)

Jean-Pierre Siméon

Mais sur la route qui va d’Erfurt à Weimar, entre
l’incendie noir d’Hölderlin
et l’arbre des couleurs que Goethe convoitait,
le soleil doute.
Le ventre de la colline est atteint d’un gris lent et pur
Comme un chagrin.
O fontaine maraudée par le vent,
verte fontaine des innocents, dont nul ne sait plus la
transparence ni la raison,
tu cherches un corps à ton sommeil dispersé
comme un gisant de feuilles.
Ici le silence a le grain d’un papier aussi vieux
que le monde,
un papier cousu dans l’âme même des innocents
et sur quoi s’écrit le poème incertain et sans mots
d’une douceur brûlée.
Au jardin de Weimar dans l’averse des branches
le vent et la mémoires remuent,
et le soleil trie les ombres
dans nos yeux.

Jean-Pierre Siméon, Lettre à la femme aimée au sujet de la mort, Poésie/Gallimard, 2017
Cette mise en ligne n’aurait pas pu se faire sans l’accord de l’auteur


Jean-Pierre Siméon, Mais cette guerre en nous —>

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