Pascal Adam in Possibles n° 27, en ligne, décembre 2017

Pascal Adam
Invité de longue date pour ce n° 27, décembre 2017

Je me souviens du cerf l’hiver au bout du pré

Pascal Adam[…] Pantocrator devant la maison de grand-père
Un souvenir d’enfant
Je m’irai faire un tour aux Vosges ancestrales

Et le jour a passé passé comme le vent
(Tous ont tendance à ça)

Le soleil à midi semblait déjà raser
Et bientôt devoir fondre
Ce fut le dernier jour de soleil de l’année

Les vignes sont en or
Et le ciel est en feu dessus la forêt sombre
La balade est finie
Et l’on a bien lu bu avant de s’y résoudre

Et maintenant les tombes

– Oh nous avons jeté à la poubelle les rites leur sens était suspect et tout nous semblait faux le rien a remplacé ce faux qui pointait vers le vrai il n’y a plus de sens la mort n’est plus domestiquée nous l’avons congédiée ou du moins cru le faire et elle envahit tout et tout elle envahit
– Étrangers à nous-mêmes nous nous sommes conquis au prix de complaisances folles et comme des Barbares mettons à sac nos terres et nos autels où nous ne reconnaissons plus l’image de nos pères et pour mieux jouir de rien et comme des Barbares tuons les vieux et les enfants
– Des viols scientifiques nous en donneront d’autres
– Quand je roule vers l’Est sur un tapis d’asphalte éclairé dans la brume je romps en droite ligne une accumulation de morts dont je ne sais plus rien et l’oubli me protège ou c’est une illusion et je me sens glisser au milieu des misères sur cette maudite autoroute mal musiquée de science-fiction
– Mais je suis à l’ancienne et prépare ma mort

Et toi paies-tu ton art ? Au beau milieu des tombes
Dans ta cuisine russe
– Lentilles, café froid – où s’empilent les livres
Nous avons des témoins
Mais tu es à l’ancienne et prépares ta mort.

Pascal Adam, La Cuisine et le manteau, en cours d’écriture

« En 2012, je commençai de me demander ce qu’allait devenir mon écriture.
Après tout, j’avais vécu plus de dix ans de ce que j’écrivais, sans publier une ligne ni faire le nègre ; simplement en mettant mes textes en scène.
D’un autre côté, donnant des cours de théâtre, je constatais que le français classique crevait, que le poème dramatique agonisait, qu’il ne serait bientôt plus lisible sans traduction en regard, ainsi qu’il est déjà d’usage pour la langue du XVIème siècle…
Je décidai d’écrire ce qui venait, sans censure aucune ni corollaire souci de rien publier, mais en vers.
Ubicumque lingua romana ibi Roma– dit en son A.B.C l’encor jeune Ezra Pound
D’abord en vers alexandrins, afin de ralentir le débit et de calmer la brute, cela dura deux ans, puis en vers de différents mètres, en prose, en vers libres.
Les textes se groupaient en « laisses », de 80 vers d’abord, puis de tailles très variées, de 1 à 2800. Datées chacune de leur jour d’achèvement. Drame, roman, pamphlet, poème. Et journal, donc.
J’appelais ça Fatras. C’est devenu Contumace. J’espère ce titre clair. » Pascal Adam, La Cuisine et le manteau, en cours d’écriture.

Invité : Alain Hoareau —>

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