Lucien Wasselin, Possibles n° 30, mars 2018

Lucien Wasselin
Le contemporain pour ce numéro de mars 2018

Je ne jetterai pas de pierres à mon ombre.
Lucien Wasselin, Fragments du manque, Le dé bleu, 1988

Voilà, ma mère

Lucien Wasselin

Voilà, ma mère est morte depuis bientôt un an ; quinze ans après mon père ; laissant une maison vide avec quelques meubles vieillots, usés et chargés d’affectivité… Verres, assiettes, photographies, vieilles lettres (il en est quelques-unes que j’ai écrites)… Que faire de ces objets et de ces souvenirs ? Tout est à l’abandon et, curieusement, je retrouve la chaleur d’antan. Les doubles rideaux passés filtrent la lumière et colorent doucement la chambre des parents ; est-ce vraiment la lumière qui me rend brusquement si fragile ? Et me voilà désarmé, le soir, devant ce monde de marchands cupides, et je suis là à vouloir écrire quelques lignes ; pour qui, pour quoi ? Je ferais mieux de pleurer un bon coup, en me cachant.

Lucien Wasselin, La Rage, ses abords, Le dé bleu, 2001

Il n’est pas question

Il n’est pas question de choisir entre la prétention des uns et la stupidité des autres. Il ne reste plus, ayant rejeté le monde, qu’à se diriger vers nulle part avec cette assurance que donne la certitude d’avoir raison contre tous. Pierres, crachats, quolibets, insultes pleuvront le long du chemin dans l’indifférence la plus odieuse. Sans doute encore une fois hausser les épaules pour mieux continuer en rejetant le fardeau vers la nuque, là où la balle viendra dessiner son trou rouge comme les lèvres de la belle ! Il n’y aura rien à regretter, une simple poignée de désespoir étant le bien le plus précieux dans le monde de la marchandise.

Lucien Wasselin, La Rage, ses abords, Le dé bleu, 2001

Lucien Wasselin, La Rage, ses abords II —>

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