Lucien Wasselin, Possibles n° 30, mars 2018

Lucien Wasselin
Le contemporain pour ce numéro de mars 2018

Sur la route

Lucien Wasselin

J’ai ouvert le portail pour partir au travail. Le cadavre était jeté sur la route. Je ne pouvais le manquer. Il n’avait pas été écrasé par une voiture, pas de patte arrachée par un piège… Simplement, un coup de fusil tiré par un chasseur en mal de carton, un qui – au comble de la jouissance – avait déposé le corps devant le portail pour donner une leçon au voisin… Bave, foutre et sang mêlés ! Qui osera parler encore de l’amour du prochain ? (Camblain l’abbé)

Lucien Wasselin, Poésie-réalité, éditions Rhubarbe, 2012


Le bonheur

à Marie-Claude

Nous ne sommes jamais heureux, nous ne serons jamais heureux : et pourtant, le bonheur est là, une mauvaise herbe qui s’obstine dans les fissures de la terrasse et nous ne la voyons pas, nous ne savons pas l’accueillir. Pire, nous voulons l’arracher quand les yeux s’ouvrent… Toujours, nous voulons voir plus loin que l’horizon, être au-delà de ce qui nous dépasse au plus profond de nous. Immobiles au centre du jardin, nous voyageons à la vitesse de la lumière et nous abordons des rivages où nous ne nous arrêtons jamais. Toujours et jamais sont les deux faces de l’amour, son unique visage. (Camblain l’abbé)

Lucien Wasselin, Poésie-réalité, éditions Rhubarbe, 2012

Pour Lucien Wasselin, par Pierre Perrin —>

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