Possibles n° 38, novembre 2018

Possibles n° 38, sommaire
Revue de poésie en ligne, le 5 novembre 2018

Contemporain : Franck Venaille
 – Quatre extraits de 1966 à nos jours  –

Franck Venaille

Maintenant ils disent que je ressemble aux enfants du mois d’août qui creusent des fossés dérisoires contre un château qui s’en effondrera. À peine enlevé le sable glisse, gicle, petite pluie qui me traverse et j’abandonne bientôt, les yeux brûlés, les épaules recouvertes les enfants pensent à la curée prochaine. Je n’ai même plus l’envie de tenter le dialogue Trahi, désemparé que peut l’alcool sinon hâter l’échéance les coups de pelle vont pleuvoir J’aborde à la douleur que je narguais du haut de mon bonheur factice ils vont bientôt m’interroger, réclamer des éclaircissements je leur confie la date de mon suicide sans cesse reportée depuis neuf ans. Solitaire… — Continuer la lecture

Découverte : Raluca Belandry
La “découverte” de Possibles, n° 38

Que dire qui maintienne l’histoire irrésolue
sur la surface d’une conversation entre prose et vers –
séduire ou taire, soulever le verre ou le briser ?
Je marche sur des éclats, j’enfonce des doutes
et le corps, bien que mis à mal, se tord en ricanements.
Les muscles suivent, ils tiennent la face, la face le cœur
et le cri oublié se pétrifie, comme… — Continuer la lecture

Hier : Jacques Moulin
Animateur des Poètes du Jeudi, à Besançon

[…] Elle qui aimait se faire coquette du matin au soir. Elle qui marchait en chaussures belles le dimanche pour suivre le flot des gens qui s’épaulent. Faut se respecter si l’on veut continuer sous l’embrun des môles. Sa dernière attente cette nuit-là sans qu’il le sache. Un épuisement sans qu’il le mesure. Il met du cœur dans ce visage. Du souffle aussi. Mais les yeux de sa mère fondent. Ses yeux comme une grande coulée de navire par les fonds. Elle qui habitait à l’exact emplacement d’anciens chantiers navals – ne subsistent que les restes d’une rampe de lancement qu’elle avait enfermée dans son regard. Des yeux cassis petits perdus… — Continuer la lecture

Invitation : Christophe Forgeot
Le poète de Murmures d’Éros

Si tu croises les jambes ce sont les falaises d’Étretat et mes yeux plongent sous des étoffes maritimes. Tes chevilles me rappellent des bracelets africains offerts pour un ciel de baisers. Dans mon crâne la traversée de tes jambes sublime le désir qui me soûle. Tu as le don de déchirer mes idées bien pensantes et mes pages noircies.
Si tu croises les jambes ma chaise tremble. La courbe de tes mollets ouvre une chapelle sur les pas… — Continuer la lecture

Pierre Perrin, pour ce choix de présentation, le 8 octobre 2018

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