- Menu Possibles, nouvelle série n° 49, oct. 2019
- Sommaire de ce n° 49, nouvelle série, octobre 2019
- Contemporain : François Montmaneix, Quo vadis [poème]
- François Montmaneix, Le Soleil des eaux [poème]
- Didier Pobel lit de Jean-Yves Debreuille, Laisser ouvert
- Découverte : Patricia Suescum, Journal inédit
- Hier : Jean-François Mathé, Vu, vécu approuvé
- Invitée : Colette Klein, C’est la terre qui marche sous mes pas
- Second entretien P. Perrin par Jeanne Orient, 18 septembre 2019
- Tous les sommaires
- Avis de parution n° 49 pour relais vers les amis
- Index des auteurs publiés dans Possibles
- [Pour la B.N.F] ISSN : 2431-3971
- Attente —> accès au n° 50 —> le 5 nov. 2019
François Montmaneix, in memoriam
Le contemporain de ce numéro d’octobre 2019
Quo vadis
On dirait que cet homme là-bas vient à moi
mais il semble marcher vers lui-même
comme aux temps où il n’y avait
que très peu d’hommes par le monde
Demande-t-il à ces temps autres
s’il aurait eu le courage
de partir sur les mers sans savoir
livré au ciel et à l’abîme
qui le laisseraient aux rivages
où nulle voix chère ne l’attendrait
où nulle fumée sur aucun toit
ne dirait qu’un amour est ici
au milieu du chemin de deux vies ?
J’avais fermé les yeux je les rouvre
il a disparu celui qui marchait
tout à l’heure comme s’il était seul
en un temps presque inhabité
Je m’enfonce entre mes épaules
oui tout à coup j’ai un frisson
– et s’il n’y avait plus soudain
que très peu d’hommes sur terre ?
François Montmaneix, Laisser verdure, Le Castor Astral, 2012
Hommage à François Montmaneix pour le premier anniversaire de sa mort
Dès les années soixante, François Montmaneix avait gagné le groupe de « poésie pour vivre » – une expression peut-être maladroite. Un poète n’écrit pas pour gagner sa vie ; il vit pour écrire. « Il faut vivre pour écrire, et non pas écrire pour vivre », Jules Renard, Journal, 9 janvier 1907. La maturité gagnée, François Montmaneix a su proférer sur certains confrères des jugements roboratifs et faire preuve en même temps d’une grande souplesse. Sa direction de l’Académie Mallarmé l’atteste. Surtout, poète, il s’est dépris de soi, selon le beau mot de Jean-Yves Debreuille dans sa postface aux Œuvres complètes, deux tomes de cinq cents pages à la Rumeur libre. Il mourait, l’octobre passé, le 21. Yves Bonnefoy a reconnu ce mérite à François Montmaneix, dans sa préface à Laisser verdure : « le vécu est ici premier ». Nonobstant « son peu de souci de la prosodie dans les vers et les strophes », allant jusqu’à noter que chez lui « le vers, souvent bref, est comme un fragment de prose », Bonnefoy conclut : Chez lui, « ce n’est pas le cosmos qui devient humain, c’est l’humain qui devient cosmique ». [Autres poèmes dans Possibles n° 10] — Pierre Perrin, 2019