Élisabeth Gaumet in Possibles n° 19, avril 2017

Élisabeth Gaumet, deux inédits
La “découverte” de Possibles, n° 19, avril 2017

Harlequin sucre d’or

Je te ferai l’amour comme une ombre en colère
Comme un Dieu te prendrait tes grands yeux dans la nuit
Je te ferai la cour dans le jardin derrière
Près du clown embaumé dans le marbre et la lie
Je tourne aux marécages et ma robe s’envole
Et le tain dérobé est un reflet de pluie
Je tourne dans la cage au son des bêtes folles
Comme un daim dans le dais comme aux draps de l’ennui
Comme un rien qui libère je prendrai sur ton ventre
Le râle et le ramier la ramure et le pli
Comme un Dieu de colère je pénétrerai l’antre
Je te ferai l’amour comme un clown en pantys.

Péristyle

L’on m’avait amené les mains tremblantes et nues
Devant la porte close où tu m’avais vécu.
Il y avait bien des siècles et la mémoire défaille !
La mémoire ne sait pas
Tout
Cette tenaille
Les deux battants trop lourds.
La mémoire ne sait plus le tintement des cloches
Et j’écoutais la voix,
Statique sous le porche qui me disait : viens là
Viens là dans ton mystère une épée dans le dos
Viens là dans ta lumière
Viens là dans ton berceau.
Je poussais le bois lourd, le bois mort d’autrefois
Le tintement du jour
C’est la mémoire parfois qui se souvient du lieu
Où tu m’avais vécu les mains nues devant dieu.

Élisabeth Gaumet, inédits

Ces deux poèmes font partie d’un ordinuscrit qui devrait bientôt paraître.

Hier : Jacqueline Saint-Jean, deux poèmes —>

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