- Menu Possibles, nouvelle série n° 19, avril 2017
- Sommaire de ce n° 19, nouvelle série, avril 2017
- Contemporain : Nimrod
- Nimrod, Les Murs, extrait
- Nimrod, Babel, Babylone, extrait
- Présentation de Nimrod, poète
- Découverte : Élisabeth Gaumet
- Hier : Jacqueline Saint-Jean, [n° 9, avril 1977]
- Invitation : Francesco Pittau et Tête dure
- Les lectures de Mamie Tine, Le roi et le premier venu
- Tous les
sommaires
- Index des auteurs publiés dans Possibles
- [Pour la B.N.F] ISSN : 2431-3971
- Accès au n° 20 —> le 5 mai 2017
Nimrod, J’aurais un royaume en bois flottés
Le contemporain pour ce numéro d’avril 2017 – en son anthologie personnelle 1989-2016
Babel, Babylone, extrait 1
Au bout du petit matin, gueule de flic gueule grabuge… Je déclare le monde en faillite, je décrète le déluge. Je hais tous ces larbins de l’espérance qui me forcent à habiter le destin. Je ne suis pas Grec, moi, je ne récite pas Œdipe à Colonne. Sophocle ne me fut pas donné avec le lait du biberon. D’ailleurs, il n’y avait pas de biberon, il n’y avait que le sein de ma mère, un sein long dans ses finales, crémeux, goûteux. Je n’ai pas connu d’atmosphères irrémédiables, ni de sentences sibyllines. Le seul homme qui me prénomma Nimrod était un prêtre luthérien qui se trouvait être mon père. Avec un nom pareil, l’on se doit de bâtir des tours. Même ceux qui les détruisent ne modifient en rien le principe de leur érection. Je fus livré à un sort heureux. Et « livré », au vrai, n’est pas le terme qui convient.
Babel, Babylone, extrait 3
Je hais le graveleux, je hais le mélo. Je rêve de m’en aller flâner sur le fleuve le soir. L’air est salubre et des enfants chantent. J’adore les seins des jeunes filles qui se pâment dans l’air libre. Ainsi devins-je poète – en caressant la toison mouillée d’une fiancée qui fut belle à proportion qu’elle fut laide. Ma fiancée est belle d’amour. Senghor traversait le paysage ; peut-être est-ce Baudelaire ? Je maternais la conviction d’appartenir au soleil avec un poème sur le bout de la langue…
Nimrod, J’aurais un royaume en bois flottés, Poésie/Gallimard, 2017
Cette mise en ligne n’aurait pas pu se faire sans l’accord de l’auteur