Nimrod, Possibles n° 19, avril 2017

Nimrod, J’aurais un royaume en bois flottés
Le contemporain pour ce numéro d’avril 2017 – en son anthologie personnelle 1989-2016


Je veux que mon chant devienne la substance d’un accord éperdu.
Nimrod, J’aurais un royaume en bois flottés, Poésie/Gallimard, 2017


Ciels errants, extrait II

NimrodJ’ai aimé ma mère j’ai embrassé son destin
Comme un fils comme un mendiant
Qui priait en secret les dieux d’allonger
Ses jours à proportion des miens. Je l’aime
Comme un exilé saisi par la douleur d’espérer
Les vœux qu’on remise à peine nés
Au fond d’un cœur taillé pour le bonheur.
Au sort, ma mère présentait des comptes
Sans envier personne      ni même la lune
Ni même le soleil      elle qui était
Courageuse sans être mère courage.
Je pleurais en la voyant si sereine
Moi que tourmentaient les pressentiments
En cette zone de l’être où naît un cœur de poète

Nimrod, J’aurais un royaume en bois flottés, Poésie/Gallimard, 2017
Cette mise en ligne n’aurait pas pu se faire sans l’accord de l’auteur



« On ne fait pas de littérature qu’avec les seules idées, pas plus qu’une écriture virtuose ne fait la réussite d’une page. Si la pensée n’épouse pas les inflexions des syllabes, si un accord de haut vol ne cimente pas leur architecture, le cri de révolte n’accouchera que de bruit. Il est étonnant qu’une certaine poésie ait pu masquer à ce point l’indigence des textes réputés révolutionnaires. Je n’ai pas abandonné le vibrato du tribun ; je n’ai pas succombé aux séductions de l’esthétisme. Je m’efforce seulement de faire émerger la beauté d’où qu’elle vienne. » Extrait de Que la pudeur voile à jamais mes larmes, postface à la seconde édition de Pierre, Poussière, 2004, reprise dans J’aurais un royaume en bois flottés, Poésie/Gallimard, 2017

Nimrod, Les murs [extrait 9] —>

Page précédente —  Imprimer cette page — Page suivante