André Campos Rodriguez, in Possibles, n° 23, août 2017

André Campos Rodriguez
[La page “invitation ” de Possibles, n° 23, août 2017

Parler du feu n’en fait pas ressentir la brûlure
André Campos Rodriguez, 2016

En l’aube d’un grand matin

André Campos RodriguezC’est elle, en l’aube d’un grand matin,
Quand le souffle s’élargit si loin et que l’air doux
Soulève ses parfums, c’est elle qui nous relève,
Qui devient notre exacte mesure, et nous posons
Un tendre regard sur l’horizon, dans les brumes
Endormies des villages. […] Et c’est elle
Qui, invisible, épouse la lumière et s’avance :
Elle est la perpétuelle, ses doigts vont nous caresser,
Là, hors du temps, nous montrer
La profonde simplicité du bonheur.

Le Chant du silence

Écoute. Le silence s’avance. Il est déjà sous la montagne et les cascades qui entretiennent avec lui des conversations de longue haleine se parent de leur robe de lumière.
Il a ouvert des mondes partout. Il peut surgir tout à coup, sourdre des forêts, allumer les roches, jaillir des fougères, feuilles et rameaux. Et il suffit d’un signe pour que tu deviennes semblable à celui dont l’épaule meurtrie porte le perpétuel souffle.
Il a poussé ses limites si loin qu’il débouche sur les songes, les soirs où le rêve longe l’horizon. Je t’en prie. Donne-moi le temps de cette lumière qui dort à l’ombre de nos épreuves ;
Et que jamais ton élan. mon amour, de nos chances ne désespère.

J’ai ouvert une invisible porte

J’ai ouvert une invisible porte qui passait près de moi. J’ignore si c’est ce qu’elle souhaitait. Depuis un petit ruisseau habille mon angoisse.
L’air semble être complice de ce prodige où un feu soulève la joie et la fait danser hors du temps, comme dans une éternité.
Je n’ose même pas m’en emparer pour des jours de grande solitude. Ses ailes sont si légères, si craintives, si prêtes à repartir vers l’inconnu.

André Campos Rodriguez, Pour que s’élève ce qui n’a pas de nom, L’Ardent Pays, 2016

André Campos Rodriguez tient un blog où il publie ses amis et où on peut le suivre avec plaisir, L’Ardent Pays. Il a réuni le meilleur de sa production dans le volume anthologique ci-dessus auquel j’ai consacré, à parution, cette note de lecture.

Éric Poindron, Comme un bal de fantômes —>

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